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DOSSIER : COLONIALISME ET RACISME 

 

CoBelCo vous présente ici une introduction à l'étude des théories racistes et du concept de supériorité de la « race blanche », thèmes qui ont été abondamment renforcés, utilisés et véhiculés à l’époque coloniale, et qui ont encore, sans aucun doute, des répercussions inestimables actuellement. Nous vous proposons en première partie, des extraits des travaux de recherches effectués à partir de manuels scolaires utilisés au Congo belge et réalisés par Honoré Vinck, Directeur du Centre Aequatoria, que nous remercions. Ensuite, en seconde partie, vous pourrez lire quelques passages d’un manuel de géographie, qui s’adressait à des étudiants en Belgique, à une époque qui suivit la seconde guerre mondiale.

N'hésitez pas à nous faire parvenir vos réflexions quant aux éventuelles conséquences, au niveau des mentalités et de la société en général, de ces concepts et de leurs enseignements, ainsi que tout matériel écrit qui viendrait enrichir l'étude des idéologies racistes qui prévalaient à l'époque coloniale.

 

PREMIÈRE PARTIE :

Extraits de Races et Racisme dans les Manuels Scolaires Coloniaux,© Honoré Vinck, 2000

Note : Ce texte est paru une première fois dans la Revue Africaine de Théologie (Kinshasa) 1998, n°43, pages 104-115 sous le titre « Théories et paradigmes raciaux dans les livrets scolaires du Congo Belge ». La version anglaise et complète du texte qui suit est disponible à l'adresse suivante: http://www.abbol.com/francais/projets/raceandracism.php

En feuilletant certains livrets scolaires du Congo belge, on peut difficilement, quelques fois, en croire ses yeux. La culture locale y est présentée sous les couleurs les plus sombres et l’intervention occidentale comme une lumineuse libération. Il est vrai que ce genre de littérature doit être interprété dans son contexte historique et une comparaison avec les manuels scolaires utilisés dans la "mère-patrie" s’impose. D’autre part, on découvre que cette littérature n’est pas uniforme dans sa présentation idéologique des pratiques coloniales et on y trouve aussi des attitudes critiques à l'égard des idées reçues. Cela prouve une certaine conscience des aberrations et que tout n’est pas à attribuer à "l’esprit de l’époque".

La présente étude se concentre sur un seul aspect: Comment a-t-on présenté aux enfants congolais l’existence, l’origine et l’(in-)égalité des races humaines ?

Existence et origine des races humaines

E.J. Rubben, dans son livret Leçons pratiques de lingala (1928), ramène l’origine des races à la création et il attribue les différences aux traits physiques: «Tous les hommes sur terre descendent d’Adam et Eve, nos premiers ancêtres; mais ils ne sont pas tous semblables: leur peau et la forme de leur visage et de leur tête diffèrent beaucoup. On divise les hommes de ce monde en quatre sortes, notamment celles-ci : les Noirs, les Jaunes et les Rouges. Les Blancs habitent l’Europe». Nous verrons plus loin la suite de cette phrase.

Toute une série de textes d’origine très diverse se situant entre 1920 et 1955 (et dans leur usage bien au-delà) ramènent l’origine des races au récit biblique des trois fils de Noé. Certains racontent en même temps la malédiction de Canaan, sans pour autant y attacher nécessairement la prétendue malédiction de la race noire. Le texte type est celui-ci: «Les noms des enfants de Noé sont : Sem, Cham et Japhet. Ils sont les pères de tous les hommes. Sem était le père des Juifs, des Arabes et des gens à qui ils sont apparentés. Cham est le père des Noirs et de ceux qui leur ressemblent; et Japhet est le père des Blancs et de ceux à qui ils sont apparentés ». D’autres font la distribution selon des critères géographiques : « Les enfants de Sem sont allés en Asie, les enfants de Cham sont allés en Afrique; les enfants de Japhet sont allés en Europe »

On sait que cette interprétation n’a aucun fondement dans le texte biblique même (Genèse 10,15-20). Les textes bibliques s’appliquent uniquement à un certain nombre de tribus et peuples connus par l’auteur biblique (Yahwiste et Codex Sacerdotal). Dans les livrets en lingala, lomongo et ngbandi, nous avons trouvé sept textes semblables.

Malédiction de Cham ou de Canaan

Les textes mentionnant la division des races dans l’Histoire Sainte et les livrets de lecture sont certes modelés sur les livrets européens et comme tels n’ont probablement rien de spécifique. Seulement ils font parfois partie d’une leçon qui contient également la malédiction par Noé de son petit-fils Canaan, qui ne joue pas de rôle direct dans la division tripartite du monde. Et que remarque-t-on ? Dans plusieurs de nos textes il y a substitution du nom de Canaan par celui de Cham. Selon ces livrets, Noé aurait maudit Cham, le destinant à devenir l’esclave de ses frères. Si on lit quelques lignes plus loin que le maudit Cham est le père de la race noire, la conclusion vient d’elle-même sans que la malédiction des Noirs soit pour cela explicitement professée. Dans un livret édité par les Frères Maristes en 1929 nous lisons: « Quand Noé se réveilla, il apprit l’affaire de ses enfants, il bénit Sem et Japhet, et il maudit Cham : Cham est mauvais, il sera l’esclave de ses frères » Et le livret du Père Gilliard : « Cham tu es mauvais. Tu seras l’esclave de tes frères; Sem et Japhet sont loués; Cham sera votre esclave »

(…)

La malédiction de la race noire

Le mythe de la malédiction de Cham, lié à la théorie de l’origine des races humaines selon la descendance des trois fils de Noé, a donné origine à la théorie de la malédiction quasi divine de la race noire. Selon les études de P. Charles, cette théorie qui a son origine au Moyen-Âge était encore bien vivante au l9ème et au début du 20 ème siècle.

Quant aux livrets scolaires, je n’ai trouvé qu’un seul qui professe ouvertement et abondamment ce mythe. En 1911, les Sœurs du Précieux Sang publiaient à Bamanya (Mbandaka, RDC) un livret de chants pour écoliers. L’auteur des textes, simples traductions ou créations nouvelles, est la Sœur Arnoldine Falter (1871-1919, au Congo entre 1899-1911). Trois chants mentionnent explicitement la malédiction des Noirs et un y est dédié entièrement :

Esisezelo ea Kam (La punition de Cham)

«O Père Cham, qu’as-tu fait ?

Nous souffrons beaucoup

Par Dieu nous sommes punis

Durement sans pitié

La punition qu’Il t’avait infligée

est héritée par nous tous" (Strophe l)

Et Noé comme punition pour toi

T’a humilié

Et ainsi Cham travaille toujours pour ses frères" (strophe 2)

Et maintenant ta descendance, [nous sommes]

des esclaves sur terre»(Strophe 3).

Un deuxième texte Nkongo Salangana (Congo réjouis-toi) chante la libération des congolais de l’esclavage arabe. La vraie raison de cet esclavage est :

«Maudits par notre Père Noé

Regarde-nous tous les Noirs de ce pays

Opprimés à cause de sa terrible insulte»(strophe 2)

L’instrument de l’intervention libératrice divine est :

«Un Roi fort envoyé par Dieu en ce pays»(strophe 3)

Léopold II auquel est fait allusion ici, agit par les Belges interposés :

«Pays élu par Dieu

Pour libérer tes frères et sœurs

O Belgique que le ciel te fasse prospère»(strophe 4)

Un troisième chant (n°43) inculque aux petits écoliers qu’ils appartiennent bel et bien à une race maudite :

«Regarde Cham, fils de Noé,

Il s’est moqué de son propre père

Il est maudit par son père

Les Noirs (bis) ses enfants, aussi» (strophe 4)

Le sentiment d’être des êtres humains de fait congénitalement et nécessairement malheureux est fortement illustré par les textes des livrets les plus variés. Nous n’en citons que quelques exemples. Un deuxième livret de chants religieux édités à Bamanya par les mêmes Sœurs fait entonner les enfants (chant 52):

«O mère de Jésus, Mère du Congo,

Regardez avec bienveillance votre pays.

Protégez vos enfants noirs

Qui sont dans les douleurs et les malheurs» ( strophe l)

«Nous étions les esclaves du diable,

nous étions dans la mort et l’obscurité» (strophe 2).

 

La petite leçon sur l’histoire du Congo dans le livret de lecture de Mgr E. De Boeck (l908, reprise au moins jusqu’en 1932) est claire sur le sujet:"Comme vous étiez les esclaves du démon, Dieu a eu pitié de vous (...) on pratiquait des vertus sataniques". Un exercice de lecture dans le livret édité par les Frères de St Gabriel en 1937 ne peut être plus éloquent. "Au milieu de la forêt les sauvages tenaient le volant et les sorciers (baloki = aussi ‘diables’) se réjouissaient" (leçon 5). Ces expressions n’étaient pas exclusives aux missions catholiques. Dans un manuel de la Congo Balolo Mission de 1930 on peut lire : "Les habitants de ces contrées étaient très féroces à cette époque, et les Blancs les ont trouvés en train de poser des actes sataniques".

Qu’est-ce qui peut avoir provoqué des vues si pessimistes ? Les Européens, surtout les missionnaires, confrontés pour la première fois à la société indigène, avaient essayé de comprendre la raison et l’origine de ce qu’ils considéraient comme décadence humaine. Une explication en était l’effet de la malédiction divine, une autre le fait qu’ils n’étaient pas baptisés et donc encore sous l’emprise du péché originel, ce qui équivaut au règne du diable. (Seul le baptême chrétien pouvait effacer le péché originel). Le livret de lecture de 1935 de G. Hulstaert l’explique clairement : "Le Fils de Dieu s’est fait homme (...) pour nous libérer de l’esclavage du diable. Tous les êtres humains sont sous son emprise (...) depuis Adam et Eve »

(…)

La supériorité de la civilisation blanche

Sans ambages et sans autre restriction, le Frère Rubben écrit dans son livret Leçons pratiques de lingala: « Les Blancs habitent l’Europe; ils se sont dispersés à travers le monde, en Asie, en Afrique et en Amérique. Ils dépassent tous les autres en intelligence »

Dans la pratique cela signifie que selon le livret de Mgr E. De Boeck: "Vous voyez des maisons en matériaux durables, des grands bateaux amenant des produits de l’ Europe. Vous voyez des Noirs porter de beaux vêtements comme les Blancs; les Noirs lisent et écrivent comme les Blancs; et certains parlent même la langue des Blancs". Stanley était considéré comme le prototype du Blanc. Il est un être mythique: "On le contemplait, et avec étonnement on réfléchissait sur la signification de la couleur blanche de sa peau. On le nommait l’homme sorti de l’eau"

Le missionnaire protestant J.E. Carpenter dans son livret: Banto ba monde, de 1928, nous apprend que «les Arabes au nord et les Européens au sud de l’ Afrique dépassent les Africains en connaissances» Et il s’explique: «Une première raison en est que leurs régions ne sont pas chaudes et pour cette raison ils travaillent durement pour la nourriture et les vêtements. Une autre raison est qu’en Europe et en Asie, on savait lire et écrire depuis des centaines d’années, et qu’ils ont mis leur connaissance ensemble. Les Africains ne connaissent pas l’écriture». Comment cette attitude de supériorité était ancrée dans l’esprit des éducateurs est encore illustrée par un texte de 1927 d’un missionnaire dans la revue de propagande de sa Congrégation:"Un des Noirs traverse la cour de notre mission. On n’a qu’à le regarder pour se convaincre que sa race diffère radicalement de la nôtre. Au moins dans son extérieur et sa physionomie, la différence est frappante: sa peau noire luisante, sa tête crépue et son front fuyant, son large nez aplati, ses grands yeux noirs, craintifs et ombrageux, encadrés de globes d’une blancheur éclatante, sa bouche largement fendue et ses grosses lèvres sensuelles en saille (...) C’est le type d’un peuple inférieur, qui n’eut jamais trouvé en lui l’énergie de s’élever"

(…)l’Inspecteur Général de l’Enseignement au Congo, J.B. Hautefelt, intitule la leçon 22 de son Livre de Lecture : «Comment Shabani parvint à s’installer comme un Blanc ». Et beaucoup d’indigènes dont les fils n’avaient pas suivi l’exemple de Shabani «grondèrent leurs fils en disant: au lieu d’aller en classe chez les Blancs, vous avez préféré vous amuser au village et aujourd’hui vous n’êtes que des sauvages.Si vous aviez été en classe chez le Blanc vous seriez aujourd’hui riches et considérés comme Shabani».

Ethnocentrisme local

(…)Une leçon dans le Buku ea mbaanda de 1935 de Hulstaert, présente les peuples du Congo et plus en détail les sous-divisions de l’ethnie mongo. Mais les voisins, les Ngombe, ennemis traditionnels y sont décrits en termes péjoratifs: «Les Ngombe comme tels ont leurs manières à eux. Ils sont différents des Mongo. Ils sont méchants et belliqueux. Le mal dans lequel ils excellent est la sorcellerie»

E. Rubben nous apprend encore dans ses Leçons pratiques de lingala que «Les Bangala sont plus intelligents que les Bakongo»(p. 135). L’auteur vivait à Tumba et à Kinshasa, région des Bakongo où on avait perçu les Bangala comme les premiers auxiliaires des Blancs qui ont aidé à construire Léopoldville comme travailleurs de l’État et comme premiers recrues de la Force Publique.

Les pygmées

Plusieurs livrets ont quelques mots sur les pygmées. Hulstaert si attentif au respect des coutumes et traditions des Noirs les qualifie comme suit : «Ils ont des manières singulières. Ils ne cherchent pas à développer leur intelligence et leur bien-être». Carpenter qui les connaît sous la dénomination de Bafoto les caractérise par ces phrases : «Ils dépassent tout le monde dans l’art de voler » et « Les pygmées rebutent l’eau et sont sales (...). Ils dépassent tous les peuples de l’ Afrique Centrale dans le refus du développement de leur connaissance». L’auteur du livret de 1927 des Frères Maristes a remarqué qu’ils ont « la tête ronde et un gros ventre et «qu’ils ne craignent pas la rapine». Il n’est donc pas étonnant que les autres tribus les craignent «parce qu’ils blessent leurs ennemis à l’improviste avec des flêches et puis se cachent dans la forêt».

Voilà rassemblés dans les livrets scolaires à peu près tous les arguments avancés par les Bantu pour mépriser et maltraiter les Pygmées.

Conclusion

La plupart des manuels ont repris les préjugés raciaux de leur temps. De Coppet conclût ainsi son article « Races » dans l’Encyclopedia Universalis: «À la fin du l9ème siècle, l’Europe cultivée est consciente que le genre humain se partage en races supérieures et inférieures». Et nous en avons la preuve dans l’Encyclopaedia Britannica, 14 éd. "The Negro is intellectually inferior to the Caucasian". D’autre part dans plusieurs manuels, comme celui de Van Hullebusch de 1941, il y a des affirmations formelles de l’égalité foncière des races humaines: «Enfants, Adam et Eve sont les ancêtres de tous les hommes. Aux yeux de Dieu tous les hommes ont la même essence. La différence est seulement dans la peau adaptée à la région où habitent les hommes (...) Le moniteur explique et rappelle que Dieu aime tous les hommes».

Nulle part dans les livrets même on a nié formellement l’aptitude foncière au progrès et les capacités intellectuelles des Noirs. C’est le climat, les aléas de l’histoire, la malédiction de Cham, une mauvaise volonté etc... qui les ont tenus et les tiennent encore éloignés d’une culture et d’une civilisation supérieures. C’est par l’intervention des Blancs, spécialement des missionnaires, que les peuples noirs peuvent être relevés. Ces opinions des éducateurs exprimées dans le puissant moyen d’influence morale qu’était le livret scolaire, doit avoir eu une emprise importante sur les enfants.

En outre les représentations idéologiques ont peu évolué entre la fin du 19ième siècle et 1950. Seule la toute dernière génération de livrets en lingala préparée par les Scheutistes de Lisala a omis les énoncés à portée raciale. D’autre part, beaucoup de livrets d’avant la guerre étaient encore réédités tels quels et ont fonctionné jusqu’à l’indépendance et au-delà. Le Bosako w’oyengwa (Histoire Sainte) de 1935 a été réédité par le Diocèse de Bokungu en 1966. Nous y lisons dans la leçon 21 concernant l’arrivée des Blancs au Congo : «Les chefs de l’ Europe ont appris les nouvelles du Congo. Ils ont su qu’il y avait là un grand pays. Mais ces gens là étaient extrêmement méchants et mauvais alors ils chargent Léopold II (...) d’enseigner aux Noirs l’intelligence des Blancs».

Est-ce que cette éducation a eu une influence déterminante sur le fatalisme et la fuite de la réalité dans la religiosité charismatique tant à la mode au Congo d’aujourd’hui? La réponse est difficile et pour être valable il faudra des enquêtes systématiques sur le terrain.

Bibliographie

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SECONDE PARTIE :

Extraits de : Géographie de la Belgique et du Congo, revue et mise à jour par F.Dussart & R. Contreras, collection Kraentzel & Mahy, Bruxelles, (pas de date de publication notée, mais au vu de certains éléments, est paru après la seconde guerre mondiale)

Le Congo belge : Géographie humaine

(…) Les variétés humaines, p.373:

Variété négrito ou pygmée (...)
Variété nègre ou négroïde : taille moyenne à élevée, à la peau noire, au crâne allongé, au nez écrasé, aux lèvres épaisses, aux cheveux crépus, au front fuyant (…)
Variété hamite : …vivent, avec les Nègres qu’ils ont subjugués, des Hamites, remarquables par leur très grande taille (…), leur aspect élancé, le nez aquilin, les lèvres fines, la peau d’un noir clair, l’aspect intelligent du visage (…)

Les caractères ethniques, p.376:

p.378…Les Noirs ont une prédilection pour les ornements à couleurs criardes; aussi, les tissus coloriés forment-ils une bonne partie de nos exportations vers le Congo…

L’habitation est toujours réduite…elle ne sert en effet que d’abri contre le soleil et la pluie ; les fréquentes émigrations des tribus empêchent que le Noir y attache de l’importance…Les habitations de l’Est sont plus soignées ; l’influence des Arabes s’y fait sentir. Le mobilier est rudimentaire…L’art indigène est peu développé, quoiqu’il produise parfois de véritables merveilles…L’importation des produits européens amènent malheureusement la décadence de ces industries indigènes, bien que dans les écoles notamment on fasse un effort pour en assurer le maintien.

Vie intellectuelle et mentalité de l’indigène : En général, le développement intellectuel de l’enfant noir, dont l’esprit est très éveillé pourtant, s’arrête assez tôt. La tradition, la croyance à des influences occultes, etc., créent chez l’adulte un manque d’initiative très prononcé : il l’empêche de sortir par lui-même de l’état de civilisation peu avancé où il se trouve. Par contre, le Noir possède à un haut degré l’esprit d’initiation ; il est vite au courant des divers travaux qu’on lui enseigne.

Les indigènes n’ont pas d’écriture proprement dite et dans leur numérotation ils ne savent pas dépasser, en pratique, le nombre 1 000. Par contre au moyen de noeuds, entailles, etc., ils fixent la mémoire de certaines choses, de certains événements et ils transmettent très rapidement les nouvelles de village en village au moyen d’une espèce de tambour appelé tam-tam.

Le Noir est souvent commerçant, fin et même retors. Il possède beaucoup d’amour-propre, un sentiment très net de la justice. Son caractère est inconstant, gai, impulsif ; son imagination est vive et il aime les réunions où il peut se livrer à des palabres interminables.

p.380, Vie sociale : …Des guerres fréquentes dévastaient le territoire avant l’occupation belge…depuis l’organisation de la colonie par les Belges, ce pouvoir [du chef] est tempéré ; très souvent le gouvernement se sert du chef pour exercer son autorité.

Vie religieuse : Les Noirs croient à une force suprême et invisible…croyance aux esprits ou génies de toutes sortes, croyance qui se manifeste dans le respect que les Noirs témoignent à leurs fétiches, siège des esprits. Ces fétiches sont des objets variés affectant les formes les plus bizarres…

p.394, Élevage : Il n’y avait guère que dans l’extrême N-E de la colonie que les indigènes pratiquaient, d’ailleurs mal, l’élevage des bovidés…

p.402, La main-d’oeuvre : …le problème dit de la main-d’oeuvre est, au Congo, d’une grande gravité. D’une part la population, 11 millions d’habitants…est d’une très faible densité ; d’autre part la mortalité, en raison des conditions peu hygiéniques dans lesquelles ils vivent et d’une mauvaise alimentation, est très extrêmement élevée, surtout chez les enfants ; en outre le Noir est indolent, peu prévoyant et n’a que de très faibles besoins. D’où les difficultés que rencontrent les exploitants pour recruter la main-d’oeuvre (…)

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