CoBelCo.org
30 juin, jour de l'indépendance
de la RDC : en mémoire de notre passé
Il y a 41 années,
le Congo accédait à l'indépendance après 75 longues
années passées sous la férule coloniale belge. Rappelons-nous
ce discours de feu Patrice Lumumba qui jetait en pleine figure du colonialiste
des mots intenses et vrais qui n'avaient pour autre but que de recréer
une dignité bafouée. Ces mots ont malheureusement signé
son arrêt de mort. Et ont valu aux Congolaises et aux Congolais de se
faire miner, une fois de plus, leur chemin vers la Liberté.
Le premier ministre belge et le ministre des affaires étrangères
se rendent en RDC à l'occasion du 30 juin prochain. Il est à
espérer que ce voyage sera constructif pour la société
civile congolaise et qu'il verra, notamment, les représentants belges
adresser, enfin, quelques mots aux Congolaises et aux Congolais, quant aux
responsabilités de l'administration coloniale et du gouvernement belge
de l'époque, dans les événements qui ont marqué
l'histoire de la colonisation belge du Congo. On se rappellera, entre autres,
de la terrible époque du caoutchouc rouge, du portage, du travail forcé
dans les mines et pour le rail, et on se rappellera également des Congolais
combattant pour "la liberté de la métropole" lors
des deux guerres mondiales. Sans oublier les coups de chicotte, la situation
d'apartheid qui a prévalu pendant ces décennies au Congo, ainsi
que les images de propagande et les stéréotypes voire le racisme
que l'administration coloniale a véhiculés.
La presse belge fait preuve à l'égard de ce passé d'une
ambiguïté discutable. D'une part, certains événements
sont analysés de manière objective et quelques bribes de critiques
sont avancées. Mais, parallèlement, et systématiquement,
l'apologie de l'ex-colonie belge est notée, en comparant ce soi-disant
âge d'or, où tout allait-presque-bien, avec le chaos actuel.
On ne peut évidemment pas nier les drames que vivent actuellement les
populations civiles en RDC.
Mais il faudrait éviter de créer une relation de cause à
effet entre un passé jugé par certains de glorieux, en présence
des Belges, et un présent chaotique, en leur absence . C'est comme
si il fallait rassurer la société belge par rapport à
ce passé, et qu'il fallait les persuader que seul le retour des Belges
est la solution à tous les maux de la société congolaise.
Pour preuve: ce paternalisme que critique une certaine presse mais dont elle
se sert elle-même pour justifier la reprise de la coopération,
en sachant très bien que l'idéologie et les intérêts
qui l'engendrent, n'existent que, à preuve du contraire, pour servir
la Belgique, et ce, tant qu'il n'existera pas de véritable partenariat,
lui-même conditionné, entre autres, par la reconnaissance des
événements sus-mentionnés.
Par ailleurs, quelle est l'évolution des mentalités par rapport
à il y a 100 ans, quand la propagande coloniale persuadait le royaume
du bien fondé de la soi-disante oeuvre civilisatrice qu'il se devait
d'entreprendre?
À côté des politiciens et des médias, la société
civile belge paraît muette, timorée voire désintéressée.
La commission Lumumba, pourtant largement couverte ne paraît pas émouvoir
la population. C'est comme si l'information restait bloquée à
un niveau devenu inaccessible. Que faudrait-il faire pour motiver les Belges
à s'intéresser, à réfléchir sur ce passé.
Car en fait, il s'agit
bien de notre passé, non ?
Patrick Cloos,
juin 2001
www.cobelco.org